An Baron Etienne de Saint-Aignan

[Carlsbad, 22. August 1812.]

Monsieur.

Il est absolument nécessaire, qu'avant mon retour à Weimar je fasse mes excuses á Votre Exc. de n'avoir pas plustôt répondu à la lettre très obligeante, que Vous avez eu la bonté de m'écrire. Pour obtenir pardon je pourrois alleguer, que depuis le tems, que j'ai eu le plaisir de la recevoir, j'ai éprouvé tant de vicissitudes de mal et de bien, tout me paroit un songe.

Retourné de Toeplitz à Carlsbad je me prépare pour mon retour à Weimar et je puis assûrer, que le désir de m'y rendre est augumenté de beaucoup par l'espoir d'y trouver Votre Exc. et de jouir de Sa bienveillante conversation sur des matiéres, qui nous interessent à tout tems et à tout age.

Ce sont les sciences et les arts, qui réunissent les hommes, quand tant d'autres considérations ne peuvent que les diviser.

J'ai été infiniment charmé que Vous avez voulû recevoir avec bonté les premiers outils d'un atelier de peinture que Vous voudrez me permettre de visiter quelquefois. En revange je pourrai Vous faire voir à mon retour quelques nouvelles aquisitions, que j'ai eu l'avantage de faire fortuitement dans ce pays [76] et qui ne dépareront pas, j'espére, mes autres petites collections.

Veuillez me conserver Votre précieux souvenir, que je Vous demande très instamment, ayant l'honneur de me souscrire avec la plus haute considération.

Carlsbad le 13. d'Aout 1812.