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An N.N.
[1805 oder 1806.]
Jai recu Votre livre, Monsieur, le 26. May 1805. Je Vous ecris celle ci esperant qu'elle pourroit Vous parvenir.
Il y a plus de 30 ans que j'ai ecrit Werther, il y a plus de 70 degres de latitude que nous sommes eloignes l'un de l'autre, mais ni le tems ni l'espace peuvent separer.
En lisant Votre composition je crois entendre un compagnon de ma jeunesse, un compagnon de mes erreurs, mais heureusement de ces erreurs dont on auroit plus la raison de se glorifier que de se repentir. J'ai survecu a mon Werter, Vous aves survecu à Votre S. et surement Vous n'en etes pas pour cela un plus mauvais citoyen, pour avoir eté enthousiaste un jour peutetre malapropos. Il n'y auroit de l'elevation d'ame, si ce n'etoit que les grandes choses qui pourroit nous elever, nous porter hors de nous; c'est nous qui nous donnons la valeur aux petites.
Vivés heureux, satisfaisant aux devoirs que Vous sentes si bien, et si jamais Vous revenes en Europe, faites moi scavoir que Vous etes; autant que j'existe sur la surface de mon globe, je serai toujours l'ami d'un homme de Votre – – – –
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