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An Cornelie Goethe
Leipzig ce 27 du 7bre.
1766.
Bon jour ma petite savante.
Vraiment tu merites ce nom, a l'egard de ta lettre admirable. Je n'en sus que dire. Une lettre d'une demidouzaine de feuilles, remplie de tant de bons sentiments, de tant de reflections, de tant de saillies, [66] que je l'aurois attribuée a Mdlle Lussan, si je ne te savois pas trop bonne chretienne, pour te croire capable d'un plagiat. J'espere que par ce temoignage donnè sincerement a ton savoir et a ton genie, ta colère exitee par mon jugement trop promt, s'appaisera. Au fond je n'avois pas toutafait tort, mais tu m'entendis mal, et ce n'est pas ma faute. Je voulois dire seulement que tes lettres sentoit en plusieurs endroits, un naturel comode, poussè par un certain Celui, que tu connoitras. Voila c'est apeuprès ce que je pense. Tu railles! Je puis souffrir cela, car je suis persuadè, que l'orgeuil n'est pas ma faute pour apresent. Depuis que je suis a Leipzig, j'ai appris, qu'il faut qu'on soit beaucoup, pour etre quelque chose. Je suis deméme bien revenu de la folie de me croire poete, et je ne fais presque plus de vers qu'en voulant embellir quelques fois les lettres a mes amis, qui selon leur vielle bonte les croient toujours admirables. Si j'avois une belle, peutetre Cupidon me feroit il chanter plus, et mieux. Apres cela, tu commences a precher, sur les departemens des deux sexes. Je n'en dis mot, n'aiant donnè point d'occasion a de telles leçons. Tu sais mes sentiments. Je ne demande pas, que tu sortes de ton departement, mais seulement, que tu sois sans gene, gaie, enjouée, en raccontant les petites affaires – Brisons la. Encore un mot. Si tu veux lire le plus joli discours, sur l'erudition des fille.
[67] tu peux le trouver dans les lettres du marquis de Roselle, Partie II Lettre 103.
Orçus, venons au fait de l'italien.
Eh bien si tu ne le sais plus, je vais te le racconter.
Il y avoit un temps, ou je me melois à lire et à ecrire de l'italien, j'avois quelque connoissance de cette langue, j'appris bien de paroles, un petit peu de la Syntaxe, et rien de plus. Malgrè cela, je chiffonnois tantot une lettre, tantot un air. J'avois composè, l'Opera comique La Sposa rapita, et bien d'autres choses. Mais ma prose n'alloit pus en trop bon train faute d'avoir lu trop de vers et naturellement les lettres qu'il me falloit ecrire pour mon pere etoit rarement de son gout. Souvent il se mit a me railler sur quelque mots, je ne savois le faire mieux, j'enrageois, je brulai mes papiers et depuis ce temps la, je n'ai jamais pu me resoudre, de commencer mes lettres par, Signor. J'ai recomnencè quelque fois ici mon etude italien, mais je savois trop peu pour m'aider moi méme, je n'avois point de dictionaire, je ne connoissois ni les tours de cette langue ni ses regles, et je l'ai cepourquoi quittée pour le francois et l'anglois, et je ne saurois la reprendre, que sous la condouite d'un maitre habile.
Ce qui regarde ma melancholie, elle n'est pas si[68] forte; comme je l'ai depeinte, il y a quelque fois des manieres poetiques dans mes descriptions qui aggrandisent les faits. Pour mon visage, il ne faut pas, qu'il soit si effroyable, car entre nous, il y a des belles filles qui se plaisent a me voir.
Tu prends le parti des Dames Lipsiennes. Tu as raison de le faire contre celui, qui les meprisera generalement, mais ce n'est pas la ton frere qui fait cela. Il est vrai, que l'education, ici ne vaut pas un sou, que cette éducation ne peut produire rien de solide, qu'il y a ici la plus grande partie des demoiselles, sans principes et sans gout. Mais il y a meme encore des filles qui meritent si bien l'estime, que l'amour, avec les quelles tu aimerois à converser toi meme ma petite savante, et qui quoiqu'elles te donneroit la preference dans le savoir ne te la donneroit jamais en question de la bonté du coeur et de la vertu.
Juste ciel que tu es devenue savante! Je ne me melerai jamais a la venir, a te donner quelques conseils sur la lecture, car tu sais plus que moi. Tu me nommes la un Boccalini, dont je n'ai jamais entendu parler, et tu decides des autres, d'un ton vraiment critique. Malgré cela j'ai encore quelques remarques a faire. Tu veux dire que le Pitaval instrouit. Bon je le concede, mais ce n'est pas toi, qu'il pourra instrouire, ce sera un homme, qui reflechit sur ces matieres, sur ces evenements, qui [69] en pourroit tirer du profit. De Tasse. Jamais on n'a voulu lui oter ses merites, cest un genie superieur, mais qui eu voulant joindre aux heros d'Homere les sorciers et les diableries d'Amadis, a prodouit un poeme tres gothique, qu'on ne devroit lire sans beaucoup d'attention, et discernement pour ne pas s'aquerir un mauvais gout, en admirant, jusqu'a ses fautes. Joignons ici le passage de L'Art Poetique de Boileau!
Pardonne ma soeur, que je suis tant porté pour Boileau, c'est a lui que je dois mon peu de savoir que j'ai de la poesie françoise, et cet homme pourroit te servir de meme de guide fidel, par toute la lecture poetique francoise.
Parceque je suis en train, de parler de livres je dirai quelque mots, sur la lecture du Telemaque. Je serai ravi d'en posseder un exemplaire, mais je me garderai bien de former la dessus mon stile francois. Je sai bien que c'est le premier livre, qu'on donne a ceux, qui apprennent cette langue; ie sai que cette coutume, est presques generale; mais malgre [70] cela j'ose la nommer fausse. Je t'en dirai les raisons. Je suis pourtant bien eloignè, de vouloir par cela, oter quelque merite a Telemaque, je l'eleve plutot par mon sentiment, au lieu de l'abbaiser. Je le dis incomparable, mais trop grand, pour etre dechiré par des ecoliers. Qu'est ce que ce Telemaque? C'est un poeme epique, dont le stile, quoiqu'en prose, est absolument poetique, tout plein de metaphres, de Tropes, de peintures. Le conseillerois tu a quelq'un d'apprendre L'anglois de Milton et de Young, L'italien de Tasse et d'Arioste, l'allemand de Gesner et de Klopstok. Quel stile naturel, ordinaire peut ou esperer, formant son gout sur un livre, qui conserve partout un stile magnifique, elevé. Je connois bien les fautes qui en reviennent. On est ebloui des beautes de ce livre, on veut l'imiter, mais nous ne sommes pas des Fenelons pour l'imiter bien et apropos. On s'accoutume a un language precieux, qui tire quelquefois au ridicule. J'en puis alleguer mon exemple. Un jeune homme, amoureux d'un tel language, meprisera toute maniere de parler naturellement, il ira la tete gonflee d'un Phebus, emailler les prairies |: et fut ce la prairie de Bornheim :| d'Amarantes et de Violets, les comparer |: car il lui faut tonjours des comparaisons :| il a un tapis verd, brodé de diverses couleurs, il ira faire ruiseler les ruiseaux, d'un doux murmure audessus des caillous, il leur fera l'honneur de les dire si purs comme du [71] cristal, il bordera leur rivages de roseaux qui d'un siffle perpetuel, plaignent la Nimphe, forcee par le Dieu a pieds de bouc de se sauver parmi eux, il sentira en entrant dans la description d'un bois que l'ombre des chenes eternells, et des doux ormeaux, repand partout une sainte nuit qui fait trembler le profane, et donne des plaisirs inconnus au soleil au tendres bergers et aux bergeres sensibles. Ah, le language agreable. Voila ma seur, que ce qu'est un stile gaté, comme sera toujours celui, que l'on forme sur le Telemaque. Car si quelq'un disoit: Il faut pas l'imiter de telle facon; je demanlerois: eh bien de quelle autre? Si je me mets a apprendre, une langue, d'un livre, je veux qu'il m'instrouisse de ses tours, de ses manieres, pour me regler la dessus, et comment pourrois je me regler, sur un livre absolument poetique, sans m'accoutumer a un language precieux. Je ne crois pas manquer, en attribuant a cette lecture, la faute commune des jeunes gens, de ne savoir pas ecrire des bonnes lettres, car ayant la tete toute pleine de phrases magnifiques, des tours superbes, ils n'en sauroit trouver pour parler des choses plus ordinaires, comme il en passe tous les jours.
C'est encore une faute des maitres de langue, qu'ils donnent a leurs ecoliers le Terence par Md. Dacier. Cela produit un stile toutafait contraire au premier, mais reprochable dememe. Tout prend un air comique, [72] et on ne pourroit pas demander une grace, a un grand Seigneur sans la demander en bon mots. J'ai parle beaucoup de cette matiere, mais je ne crois pas meme d'avoir tout dit, car c'est un prejugé trop vieux pour le pouvoir deraciner par des forces legeres.
the 12, of Octbr.
French enough! Let us write english! I shall become haughthy sister, if thou doest praise me in like a manner. Truely, my english knowledge is very little, but i'll gather all my forces, to perfection it. Visiting my letters, ye shall have found many faults, ye may pardon. The few you have marked, have been caused, by lack of attention. I 've found that Adieu in many english lettres, and I did then adopt it.
Presently I 'll speak of a pretty argument: Of maids! Jes sister, of maids. Forstly, I'll give thee notice, of that, I 'm not much pleased to speak of, and secondly I 'll turn my babbling to those, I am so fond of. The honnour to sit in the first paragraph shall have Miss. Bethmann. Ye wait, the dear father and thou, for a long description, of her beeing here; but I can't give You a complet notice thereof. I did see her, four or five times, and four or five times she was a goose. Set her to Paris and she shall be also one. 'Twas a playworth thing to see her in the concert. Ha! That Piarots figure, besieg'd by [73] Arlequins, and Pappillons. A very foolish scene, I would not barter, for the most comic Play. I did laugh. My lungs crow thik like a chanticlear. The concert finish'd Madame and Miss were walking in Apels Garden; I meated them. A profond compliment of my side, and a nod of theirs. 'Twas all. The magnificance of her Attendance, consisting in Counts, Barons, Nobles and Doctors, did turn the head to theese womens, not aquainted with that splendor. But Mad. Bethmann was very civil, when I was coming to see her once. That is all what I know. The companions of Miss Bethmann are mediocre beauties, for her wit, I did never see it.
Miss Aunt |: while I am once writing of maids :| Shall have the honnour, to be put near Miss Bethmann. Heaven defend us! What follies in our family, since I am gone! Take heed sister, thou art presently the next pretendant at! One is marrying him to a mad wife wise as Rabener says. The other inamoured, of a black horrid Mars. Oh, she shall excuse herself, by Venus. But I did believe him an antidote of love, and she can love him! Hang him! – The ugly figure! Ha! 'tis consolation for me, a maid shall also love me, notwithstandig I am no Adonis. If she would have been in love, with D. Schlosser I 'd have excused her, but in like a manner! I 'm furiously astonish'd. – What would the king of Holland say? – But sister, let us dam no man. I 've courage enough [74] to take her party. Think her education sister, and then dam her if thou darest. A maiden, of no great natural genius, she lives her first Years in the company of her parents and sisters. They are all honnest men, but how form a womens heart to his heappyness they understand not. A writing, a reconing master are chosen to make her wise, and a Catechismus Candidat, to make her good. Pretty leaders in the way of life. Th'occasion to read good books she had not, and to seek it she loved not. She relish'd by that no pleasure of the soul, corporal, grosser joys, dance, companies pp were her paradise, and she learned never to be her own companion, to amuse her spiritually with herself. Finally she is no maid of a moral character, and could 't be 't.
Can we impute to her, when she begins to be in love, with a man she saw every day, a man, who conform to her folly, can speak half a day of triffles, of the news stirring in the city pp and who did by that means captivate her benevolance, another a wise man would not have attaind; And if a man has once the benevolance of a maid, and has th' occasion to see her often, he must be the highest blokhead, of the universe, if he could not take also her love.
I'm very curious to hear the end of that strange story. In Parenthesi. Dr. Schlosser thinks no more on her he lives, as he writes, in a kind of insensibility, in his rugged Treptow. I've an english correspondance[75] with him. Lassen Sie uns nun, Meine Herren zu dem zweeten Paragraphen übergehen, und kürzlich noch von artigen Mädgen reden. La petite Runkel, est donc tombéè dans la faute commune des petites filles. He bien il faudra prendre patience, et esperer qu'elle en revienne si vite, comme en revint ma soeur. Fais lui mes complimens. Porte mes respects à Mdlle Brevillier, dis lui: que je serois au comble de la joie, si elle ne cessat de me mettre au rangs de ses amis. Dis a toutes les autres petites filles, que je connus autre fois, que je ne manquerai jamais, a etre leur serviteur. Particulierement baise de ma part, la petite Shmiedel. Ecris moi un peu comment Mlle Sarasin se comporte. Horn est toujours amoureux d'elle, de sorte qu'il s'est mis en tete, d'aimer une fille içi qui lui resemble beaucoup. Sed exclusus tempore, cetera dicam crastina lectione.
ce 13 d'Octobre.
Vaudeville
a Mr Pfeil.
En relisant cette petite sottise en vers, je vois que ma demande est un peu obscure, et qu'on ne sauroit deviner si tot, que je veux savoir de lui, comment me perfectionner bientot dans la langue [77] francaise. Mon cher Pere ne sera pas content, du Metrum, mais il faut qu'il pense que c'est la l'air du Vaudeville.
A Monsieur le Major General de Hoffmann.
Au sujet de la Mort de Madame,
son Epouse
J'attens avec inpatience, d'entendre le sucçes de ce petit poeme, et la raison pourquoi mon cher Pere, m'ordonna de le composer. Mr. Pfeil voudroit bien savoir, quel Poete j'imite dans ces petits ouvrages; Mais je ne saurois le dire, car quoique je croie, qu'il y en ait en francois de cette facon, je ne m'en souviens pas de les avoir lus.
J'ai commencé de former le Sujet d'Ynkle et d'Jariko pour le Theatre, mais j'y ai trouvé beaucoup plus de difficultés que je ne croiois, et je n'espere pas, d'en venir a bout.
[79] J'ai eté tres applaudi, a cause d'un plan de la Tragedie Der Trohnfolger Pharaos. On me presse pour y mettre la main; mais je ne saurois, my resoudre.
Je voudrois qu'ne copie du Poeme a M. d Hoffmann toutafait sur du simple papier, et sans autre titre lui fut envoiée.
Vor einigen Tagen, ward das neue Komödien Haus, das mit vielem Pracht und Geschmack, auf der Ranstädter Pastey angelegt ist, eingeweyet. Der Bau, ist eine Unternehmung einiger Privatpersonen, denen der Hof den Platz dazu geschenckt hat. Das Stück womit es eröffnet ward ist Hermann, ein Trauerspiel von Schlegeln.
Wenige Tage vorher, ward ein gleich neues, aber ganz unterschiednes Gebäude fertig, nähmlich die reformirte Kirche. Sie ist sehr eifach, aber sehr schön, und das merckwürdigste darinne ist eine fürtreffliche Orgel.
Ich habe dieße Meße mit dem jungen Hocker gesprochen, er versicherte mir, daß er vor einem halben Jahr, einigemal gekommen mich zu besuchen, mich aber niemals zu Hause angetroffen.
Fritze Hofmann war mir die Meße eine unerwartete Erscheinung. Wir gingen an Langens Gewölwe vorbey. als auf einmahl eine fette und ziemlich kernhaffte Figur die aber zugleich etwas düttig aussah auf uns zu kam. Sie wendete sich zu Hornen, [80] ich besah sie mit Verwunderung, erkannte endlich einige Züge, und rief überlaut aus: Fritze! bist du's. – Er hielt sich nicht lange hier auf, und wir konnten also die einem Landsmanne gebürende Ehrenbezeigungen nicht beobachten, ob wir ihn gleich einmal Abends mit zu Tische nahmen, wo er aber niemanden ansah, nichts redete, und also von einigen aus der Gesellschafft, für einen Philosophen, von andern, für einen Schöps gehalten wurde. Er wird in Berlin schon zugestutzt werden, und ich befürchte, vielleicht nur zu sehr, denn ich glaube es ist jetzo in ganz Europa kein so gottloser Ort als die Residenz des Königs in Preusen.
Ich fange an mit den Leipzigern, und mit Leipzig ziemlich unzufrieden zu werden. Ich binn aus der Gnade derjenigen, denen ich sonst meine Aufwartung machen durfte gefallen, und das deßwegen weil ich meines Vaters Raht gefolgt habe und nicht spielen will. Man hält mich daher, für einen in der Gesellschafft überflüssigen Menschen, mit dem nichts anzufangen ist; ich hätte mich sogar neulich in einem Haar über die nähmliche Materie den Unwillen der Frau Hofr. Böhme zuziehen können. Ich binn dieses gantze halbe Jahr über von keinem als Böhmens und Langens zu Gaste gebeten worden.
Noch eine andere Ursache warum man mich in der großen Welt nicht leiden kann. Ich habe etwas mehr Geschmack und Kenntniß vom Schönen, als [81] unsere Galanten Leute und ich konnte nicht umhin ihren offt in großer Gesellschafft, das armseelige von ihren Urteilen zu zeigen.
Nichtsdestoweniger lebe ich so vergnügt und ruhig als möglich, ich habe einen Freund an dem Hofmeister des Grafen von Lindenau, der aus eben den Ursachen wie ich, aus der großen Welt entfernt worden ist. Wir trösten uns mit einander, indem wir in unserm Auerbachs Hofe, dem Besitztume des Grafen wie in einer Burg, von allen Menschen abgesondert sitzen, und ohne Misantropische Philosophen zu seyn, über die Leipziger lachen, und wehe ihnen, wenn wir einmahl unversehns aus unserem Schloß, auf sie, mit mächtiger Hand einen Ausfall tuhn. Lebe wohl.
Leipzig,
d. 18. Octb. 1766.
Goethe.
Das übrige was ich jezo noch, sowohl in Dingen als in antworten rückständig bin wird, mit einem jungen Menschen, der auf den Sontag über acht tage weggehet nachfolgen.