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An Cornelie Goethe

le soir du premier iour des

Paques 1766. [30. März.]

Ma chere soeur
It is ten a clok
Thus may we see, how the world wags:
'T 'is but an hour ago since it was nine;
And after an hour 'twill be eleven;
And so from hour to hour we ripe and ripe,
And then from hour to hour we rot and rot.

Ne suis je pas un personnage singulier! Je voulois t'ecrire q'uil etoit apresant dix heures et dabord il me vient de vers de Shakespeare en tete, et je les jette sur le papier. Il est donc deja un peu tard, mais nonobstant cela je pense, de causer un peu avec toi.

Vous aurez passè ce jour premier des Paques en agreables divertissements, en vous assemblant chez Mr. le Grandpere. Vous aurez senti toute la joie, inseparable d'une compagnie, qui s'entend bien. Je n'ai pas manquè a me divertir, moi; mais mon divertissement etoit tout à fait d'une autre facon que le vôtre. Seul, dans le plus beau des jardins. Tantot me pro menant, dans des vastes et sombres allees, encore impenetrable au soleil, quoique depouillees par l'hiver, tantot assis au pieds d'une statue qui ornoit un berceau, d'une verdure qui ne meurt jamais, tantot debout, regardant d'un seul coup d'oil l'entree [47] de six diverses allées sans pouvoir atteindre des yieux la sortie d'aucune; Ce sont les situations, aux quelles je passai mon apresmidi. Je ne scaurois le dire, une promenade solitaire, a pour moi des agremens sans nombre. Mon esprit qui se plait a des reveries


Finds tongues in trees, books in the running brooks,
Sermons in stones and good in every thing.

Mais nonobstant, ma Soeur, que j'aime ces divertissements sombres et solitaires; je ne suis pas toutafait mal a mon aise, en me voyant au milieu d'une troupe coiffee, frisee, gallonnee, babillarde comme aparement je la trouve au concert. Je n'y manque pas de faire mes reflexions. Ah ma soeur, quelles creature sont ce que ces fille saxonnes! Une quantite en est folle, la plus part n'en est pas trop sage, et toutes sont coquettes. peutetre que je fais tort à quelq'unes, mais n'importe, je trouve ma regle generalement vraie. Des Exceptions? Oh! Pour les pouvoir faire, il faudroit chercher en Diogene. – Une des plus grandes fautes de nos Dames, c'est qu'elle parlent trop sans savoir trop.


– – – – – – – be check'd for silence;
But never tax'd for speech – – – –

dit un grand Poete. – Mais les filles, me dira certain Monsieur; les filles ne sont pas faites, a parler de quelque chose importante, tout ce qu'elle parlent sont des riens; mais j'aime toujours mieux une fille qui[48] parle d'un rien q'une fille qui parle rien. Que pense tu de ce galant homme qui a une si jolie idee de ton sexe, et qui ose la prononcer d'un ton energique dans un cercle d'une vingtaine Dames. Allons Mesdames les Saxonnes, à vous dè, encore une fois. Vous prennez de soins extravaguans, de votre exterieur; toutefois vous n'en etes gueres plus belles. L'exes tant du port, et du maniement que de la parure du corps merite toujours moins l'approbation du bon gout, a mesure qu'il s'eloinge d'une manière naturelle, de s'habiller ou de porter son corps. Mais je leur passerois volontairement toutes ces fautes, si elles n'etoit couronnees de la plus grande et la plus meprisable folie qu'on peut trouver chez une femme; savoir de la coqueterie. Ce desir de plaire par des moiens indignes d'une Dame d'esprit et d'honneur est ici tres a la Mode. On se croiroit presque à Paris. Le beau sexe est porte generalement a aimer les choses qui occupent les sens, il regarde la beaute, et toute autre apparence exterieure, comme le plus grand merite dont il est capable, qui peut s'en etonner, s'il cherche a s'en donner autant qu'il peut. Notre foible sexe, les admire, et plus foible encore, les suit, par cela – Adieu.


the 11. of May.

My french speech interrupted, by some speedily affair, shall remain unfinish'd untill another time, I think to they great pleasure. I'll say thee the [49] cause thereof: The father as he writes in an appendix to Luptons letter, would see if I write as good english as Lupton german. I know it not, but if he should write better then I, that is no wunder, if I should have been as long a time in England as he was in Germany, I would laugh of ten thousand schoolmastres. Let us speak a little sister, the father may judge. Lupton is a good fellow, a marry, invetious fellow as I see it in his letter, which is wroten with a spirit of jest, much laudably moderated by the respect, he owes to his master. But one can see, that he is not yet acquainted, with the fair and delicate manners of our language. Notwithstanding he writes well. For the present state of the improvement of my english speaking, it goes as good as it can. My Born and his Tutor and I, when we are assembled we speak nothing then english. I learn much by that conversation. But that lovely Freind is gone to Graitze in Voigtland to be inoculated. God may give he return saved and in good health. Any words of my self. Sister I am a foolish boy. Thou knowst it; why should I say it? My soul is changed a little. I am no more a thunderer as I was at Francfort. I make no more: J'enrage. I am as meek! as meek! Hah thou believest it not! Many as time I become a melancholical one. I know not whence it comes. Then I look on every man with a starring owl like countenance. Then I go in woods, [50] to streams, I look on the pyed daisies on the blue violets, I hear the nightingales, the larks, the rooks and daws, the cuckow; And then a darkness comes down my soul; a darkness as thik as fogs in the October are. Often has Horn the great honnour to follow me, I go Tete a tete with him in the Gardens. A male Tete a tete! T' is pity! But hark ye! In like a situation of my soul, I make english verses |: a science more than Lupton :| english verses, that a stone would weep. In that moment thou shallt have of them. Think on it sister thou art a happy maiden, to have a brother who makes english verses. I pray thee be not haugty thereof.


A Song

over

The Unconfidence

towards my self

To Dr. Schlosser.


Thou knowst how happily they Freind
Walks upon florid Ways;
Thou knowst how heavens bounteous hand
Leads him to golden days.
But hah! a cruel ennemy
Destroies all that Bless;
In Moments of Melancholy
Flies all my Happiness.
Then fogs of doubt do fill my mind
With deep obscurity;
[51]
I search my self, and cannot find
A spark of Worth in me.
When tender freinds, to tender kiss,
Run up with open arms;
I think I merit not that bliss
That like a kiss me warmeth.
Hah! when my child, I love thee, sayd,
And gave the kiss I sought;
Then I – forgive me tender maid –
She is a false one, thought.
She cannot love a peevish boy,
She with her godlike face.
O could I, freind, that thonght destroy,
It leads the golden days.
Another thought is misfortune
Is death and night to me:
I hum no supportable tune,
I can no poet be.
When to the Altar of the Nine
A triste incense I bring
I beg let Poetry be mine
O Sistres let me sing.
But when they then my prayer not hear
I break my wispring lire;
Then from my eyes runns down a tear,
Extinguish th' incensed fire.
Then curse I, Freind, the fated sky,
And from th' altar I fly;
And to my Freinds aloud I cry
Be happier then I.

Are they not beautifull sister? Ho yes! Senza Dubbio.
[52]

the 14 of May.

Often Sister I am in good humor. In a very good humor! Then I go to visit pretty wifes and pretty maiden. St! Say nothing of it to the father. – But why should the father not know it. It is a very good scool for a young fellow to be in the company and acquaintance of young virtuos and honest ladies. The fear to be hatred by them makes us fly many excesses seducing by his outward side, and therefore periculous to the Youth. Look Sister, that is the State of my present life: I seek to do nothing of what I could not give reason, to my superiors which are my God and my parents; I seek further to please to the uttermost part of men, wise and fools, great and littles, I am diligent, I am mirthy, and I am luky. Adieu.


the 28. of May.

Après mon exces de babil, tant françois qu'anglois, il me restent, encore deux feuilles dont je me servirai, a repondre a ta lettre. J'ai ete bien joyeux, de la voir si longue et si joliment, si poliment ecrite. C'est beaucoup, pour une fille de ton age mais c'est trop peu pour ma soeur. J'aurois attendu une lettre plus naife, plus vive. Tout ce que j'en puis dire |: je ne suis pas trop connoisseur de la langue :| c'est qu'elle est grammaticalement bien ecrite. Ou y trouvera peu de fautes mais aussi peu de beautes. [53] Il y en a quelques traits il est vrai, mais tu te contrains trop, tout sent le premedite. – Au fait. Quoique je ne dirai rien sur l'article de la lecture en general; il faut que je fasse une note a la Phrase: je ne scaurois me changer, voila ce que c'est que de parler bien faussement. Tout homme parvenu a l'etat de reflechir, de voir le bien et le mal, peut parcequ'il est un etre volontaire, rejetter l'un et embrasser l'autre. S'il incline au cote du mal, ce n'est pas parcequ'il n'a pu s'attacher a l'autre cotè mais parcequ'il n'a pas voulu; Autrement il seroit machine. Tu auras ainci la bonté de changer ces mots de cette facon: je ne veux pas me changer. – Le Pitaval n'est rien pour toi. Ce ne sont que de recits fidelles, sans remarques de morale, sans aucun sentiment. Il t'ennujeras sans doute. – Je ne veux pas juger le Tasse et ses merites, Boileau ce critique achevè, dit de sa poesie:

Le clinquant du Tasse.

Mais supposons aussi qu'il fut meilleur qu'il n'est, toutes les beautes seroit perdues dans cette traduction exacte, corrigee mesuree, mais nonobstant cela foible, stérile, et enfin miserable.

Lis plutot le Boileau, Son Lutrin. Le Boileau entier, c'est un homme qui peut former notre gout, ce qu'on ne pourra iamais attendre d'un Tasse.

Mais je ne pense pas que je preche envain. Tu ne veux que tes Romans. Eh bien lis les. Je m'en [54] lave les mains. Pour Clarisse ie n'ai rien a contredire.

Je suis bien aise que tu sois devenue un peu plus gaillarde en compagnie.

Mes compliments respectueux a Mdlle Brevilliers, dis lui, que j'aie lu les lettres du Marq. de Roselle qu'elle m'a vante tant. Dis lui que je les trouve de mon gout, et qu'elles sont tres jolies. Tu pourras lire ce Roman, et le raconter a ma chere Runkel. Ie est de Mad. Beaumont. Mes compliments a Mdlles de Stokum, de meme qu'a Charitas quand tu lui ecris. Mille, mille compliments à la chere Runkel; ecris moi bien souvent d'elle. Ce sont toujours les plus agreables passages de tes lettres qui traittent de cette aimable fille. Je souhaitterois de la baiser une seule fois. Baise la de ma part. – Charitas, la chere Charitas. Je la plains. Quand elle est a Francfort elle est toujours dans le purgatoire. Le conseiller! Hang him! he is a fool. If he had a beautifull wife, in the Zodiak with him! Hah then would I laugh, as a Parrot at a bagpiper. Il porte envie a Muller. A comme je vous aime, cheres creatures. Helas fussiez vous seulement un peu meilleures. Eh bien, nous ne sommes pas des anges, nous autres hommes.

Nous nous comporterons.

Mdlle Bethmann fait ici une figure tres mediocre. Une autre fois plus d'elle. – Je me tais en matiere du D. Schlosser et notre T.

[55] Tirelireli!
Chantons, chantons l'inconstance!
Tirelireli!

Presente a Mr. Pfeil, le Billiet ci joint, avec mes compliments, et mes remerciments de ce qu'il a bien voulu corriger mon Galimathias. Adieu. Ce moment je recois une lettre du Dr. Schlosser ou il ne fait pas le plus joli Portrait de Treptow quoiqu'il soit d'allieurs fort content de son Seigneur et de son present etat.

Lipcic

ce 31 du May 1766.

Goethe.

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TextGrid Repository (2012). Goethe: Briefe. 1766. An Cornelie Goethe. Digitale Bibliothek. TextGrid. https://hdl.handle.net/11858/00-1734-0000-0006-784F-9